Du 3 au 12 mars dernier, un groupe de 14 personnes – composé des responsables de services écologiques communaux, de la cellule de coordination du Klima-Bündnis ainsi que d’une équipe de tournage de RTL – a visité la région amazonienne de l’Equateur.
L’antropologue équatorien Victor Lopez de l’ONG « Pro-Ideas » a d’abord conduit le groupe à travers la Vieille Ville de Quito tout en faisant l’introduction au système politique et social d’Equateur; ce fut ensuite Esperanza Martinez de l’association « Accion Ecologica » qui fournissa des explications très parlantes sur les effets provoqués par une économie qui est basée sur l’exploitation de matières premières destinées à être exportées.
Avec TAME, une compagnie aérienne équatorienne, le voyage se poursuivit jusque dans la région pétrolière de l’Amazonie. Accompagnés par plusieurs habitants de la région, Ermel Chavez de la « Frente de Defensa de la Amazonia » confronta le groupe avec les terribles conséquences sanitaires et écologiques qui résultent de l’exploitation impitoyable du géant du pétrole Texaco, laissant les habitants avec une santé précaire dans une région contaminée, sans aucune perspective d’avenir. De nombreux visiteurs se sont montrés choqués de ce que ChevronTexaco – la plus importante multinationale pétrolière du monde – puisse bafouer la loi d’une manière aussi grossière: en effet, malgré plusieurs condamnations du groupe pétrolier, ce dernier n’a encore versé aucun cent à ce jour pour l’assainissement des sols et des courants d’eaux.
La visite de ces majeurs points de repères permettait au groupe de mieux comprendre la situation des habitants de Sarayaku, une commune Kichwa, et de mieux cerner l’épée de Damocles que l’exploitation du pétrole et d’autres ressources a suspendu au-dessus de leurs têtes (même si jusqu’ici les habitants ont réussi à prévenir le pire). Le groupe avait atteint Sarayaku à l’issue d’un tour de 3 heures en canoë, sous les averses tropicales. Les 3 jours passés parmi la communauté des Kichwas en pleine forêt tropicale amazonienne ont fait découvrir au groupe un monde diamétralement opposé au nôtre, mais où les habitants vivent d’une manière très équilibrée et paraissent très satisfaits.
Après avoir gravi la « montée des singes », Gerardo Gualinga, qui servait de guide pendant trois jours, fournissait des explications sur ce qu’est une « chakra » (un jardin de bois qui sert de base à la souveraineté alimentaire des exploitants forestiers), et sur ce à quoi ces chakras servent en tant que « frontières vivantes » (enceintes protectrices encerclant leurs territoires). Des longues conversations ont fait découvrir aux visiteurs le mode d’administration des territoires et des écoles des Kichwas, ainsi que leurs connaissances sur les plantes bienfaisantes des bois.
Lors d’une excursion, les 14 participants du groupe ont pu contempler l’Uchuputu Ruya – l’arbre sacré, qui est un véritable géant de la forêt vierge – et même l’embrasser, ce qui avec 14 personnes aux bras écartés et se touchant avec la pointe des doigts, réussissait tout juste. C’est à cet endroit que tous ont finalement compris pourquoi les Kichwas croient que les arbres, les plantes, les animaux, les marécages, les courants d’eaux, la forêt toute entière, sont habités et protégés par des êtres supérieurs. Cette croyance se retrouve dans les mots Kawsak Sacha, la « forêt vivante », qui est leur philosophie de vie et qui se confond avec leur vie. Gérard Schoos de Weiler-la-Tour décrivait cette rencontre comme suit: “C’est la première fois que j’ai rencontré des hommes et des femmes dont l’objectif premier est de vivre dans leur environnement comme si c’était un sanctuaire.“ Et Patrice Bamberg de Sanem disait: « J’ai rarement vu des gens qui s’engagent avec autant de modestie et de satisfaction pour leur pays, leurs traditions et la continuation de leur peuple. Ils vivent en parfaite harmonie avec la nature et pour la nature et ils ont un profond respect pour le territoire dans lequel ils vivent. “
Ces impressions, nous avons pu les revivre sur RTL-TV grâce à l’excellent reportage réalisé par Dan Hardy et Pedro Venancio: du vendredi 17 mars au vendredi 24 mars, RTL avait dédié un espace au voyage d’études inoubliable, dans le cadre du « Journal », le soir à 19.45 heures (rtl.lu/Télé/emissiounen/de-journal). A relire et revoir en photos et vidéos également sur les pages facebook de Klimabündnis.lu et de ASTM.lu.
Avis à tous les intéressés qui souhaitent eux-aussi vivre cette expérience et avoir des contacts personnels avec les participants du voyage : les membres du groupe seront à votre disposition à partir de début mai – à l’occasion de réunions d’informations ouvertes au grand public dans leurs communes – afin de partager leurs expériences et observations. Les premières réunions sont déjà fixées: le 6 mai, Caroline Calmes sera présente sur un stand info pendant la « Journée-nature/Dag am Bësch » à Bettembourg ; le 9 mai, Pierre Schmit/ASTM sera présent au CITIM de l’ASTM à 18.30 heures, et à l’occasion de la réunion plénière du Klima-Bündnis en date du 15 mai à Roeser, d’autres conférenciers seront au rendez-vous. Infos sur le programme ici.
Une brochure y sera exposée, qui réunit les impressions des 14 participants du voyage, accompagnées des explications d’Eriberto Gualinga de Sarayaku sur la vision du monde des Kichwas et des enseignements qu’ils en tirent pour leur vie quotidienne. Téléchargement de la brochure.
En automne, Eriberto Gualinga nous rendra visite au Luxembourg: ensemble avec la ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg, il sera l’invité d’honneur lors de la présentation open air du film « Der Gesang der Blume » sur la vie des Kichwas dans la forêt tropicale, le 15 septembre, près de la carrière du Härebësch à Koerich. Plus d’infos sur le cinéma open-air.
