Après les élections présidentielles qui ont eu lieu il y a quelques mois au Philippines, le monde entier a le regard rivé sur la politique de Rodrigo Duterte et sur les méthodes douteuses qu’il met en oeuvre afin de libérer son pays de la corruption, des drogues et de la criminalité. Les typhons aussi, qui touchent régulièrement les Philippines, comme actuellement le typhon Sarika, font la une des nouvelles. Mais les reportages sont très unilatéraux, les bonnes nouvelles font défaut.
Alors que le moment est propice pour rapporter prioritairement sur les campagnes à succès de lutte contre les semences génétiquement modifiées des derniers mois et des dernières années, et notamment sur la campagne “Stop Golden Rice“, qui fut initiée en partie par l’organisation partenaire de l’ASTM, à savoir MASIPAG, alors que Bayer se prépare à absorber la multinationale Monsanto, ce qui renforcera la dépendance des agriculteurs des multinationales partout dans le monde, ce qui propage le recours aux semences génétiquement modifiées et autres substances chimiques nocives et ce qui favorisera la multiplication de monocultures qui nuisent à l’environnement.
MASIPAG est un réseau mis sur pied par les agriculteurs et qui réunit des organisations de peuples, des ONG et des scientifiques sur les Philippines et dont l’objectif est de travailler ensemble à une exploitation durable des surfaces utiles agricoles afin de préserver et de renforcer à nouveau la biodiversité. Le contrôle global des ressources génétiques et biologiques, surtout des semences, de la production agricole et du savoir y lié sur l’agriculture biologique et les variétés traditionnelles de céréales et de tubercules, constituent la base du réseau et profitent aux petits exploitants, afin d’améliorer de la sorte la qualité de vie de ces derniers.
Le travail accompli par MASIPAG ne trouve pas seulement des retombées positives dans le domaine social ou agricole, la protection active du climat est elle-aussi remarquable: au-delà du constat que les agriculteurs pratiquant une agriculture biologique gagnent en moyenne environ 100 euros de plus par année que les autres agriculteurs, parce qu’ils ne doivent pas supporter les coûts pour les engrais et pesticides chimiques, ce qui dans le contexte local correspond à une économie considérable, l’agriculture écologique contribue à un environnement plus sain et à une économie en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Malgré cela, le gouvernement philippin mène une politique ambiguë. En 2010, il a voté une loi pour promouvoir l’agriculture biologique et a parallèlement soutenu la recherche et la culture de plantes génétiquement modifiées et d’hybrides, qui nécessitent le recours à des additifs chimiques. La loi en place repose également sur une certification coûteuse des produits biologiques par des tiers, ce qui enlève aux petits agriculteurs la possibilité de faire certifier leurs produits. Or, ces dernières années, Masipag a pu remporter de nombreuses victoires dans ce cadre, au bénéfice des petits agriculteurs, en développant ensemble et en promouvant une certification reconnue et en aboutissant à de nombreuses facilitations d’échanges commerciaux en attendant une modification de la loi datant de 2010. Ainsi le système développé par Masipag mise p.ex. sur une certification dite peer-to-peer, qui est un système de garantie participatif qui permet aux petits agriculteurs de faire certifier leurs produits à un coût bien inférieur à celui du système national.
Le développement de variétés de riz indigènes comme alternative aux hybrides et variétés génétiquement modifiées est d’une importance capitale pour le travail de MASIPAG. Les membres gèrent un énorme pool de sortes de riz indigènes et développent de nouvelles sortes qui sont adaptées aux conditions locales, comme par exemple des semences résistantes face aux inondations ou aux sécheresses. Ces thèmes sont étroitement liés à la problématique des expropriations par les multinationales, ou encore à la réforme hésitante pratiquée par le gouvernement.
Nous nous tenons volontiers à la disponibilité des communes intéressées qui traitent de thèmes similaires au niveau communal, afin de leur présenter les travaux menés par notre partenaire de projet philippin. Contact: birgit.engel@astm.lu .
