Comment les fausses nouvelles empoisonnent le climat

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Comment les fausses nouvelles empoisonnent le climat

Comment les fausses nouvelles empoisonnent le climat

Klima-Bündnis Lëtzebuerg CitoyenNEs 13 août 2019
  • Selon un sondage mené par TNS Ilres en 2017, 79 % des personnes interrogées – résidents luxembourgeois – ont déclaré être actives sur Facebook. Dans le groupe d’âge des 16 à 24 ans, ce taux est même de 97 %, donc la quasi-totalité des personnes interrogées.
  • La plupart des citoyens qui ont vu/lu de fausses informations, ont pensé qu’elles étaient vraies.
  • La plupart des « mauvaises » rumeurs circulent dans des niches sur les réseaux.

 

Dans son livre intitulé „Lügen im Netz“ (Mensonges dans les réseaux), la journaliste Ingrid Brodnig, illustre comment les fake news, les populistes et les technologies incontrôlées nous manipulent: « Sur l’internet, les fake news sont utilisées pour agiter les esprits. Ces fausses informations servent à alimenter l’atmosphère de manière tendancieuse et à nourrir les préjugés existants pour diviser davantage la société ». En anglais, il existe l‘expression très pertinente: Angry people click more (les gens en colère cliquent davantage). En effet, et c’est bien ce qui devient de plus en plus un problème dans le cadre du débat numérique. Susciter la colère est souvent nécessaire pour faire une réelle différence. C’est la force particulière de cette émotion : elle est de nature à activer les gens. Cependant, la situation devient problématique lorsque la colère est attisée de façon ciblée, lorsque des boucs émissaires ou des représentations hostiles sont délibérément créés afin d’attirer l’attention. Le politologue Timothy Ryan a analysé une série d‘annonces politiques. Trois cas de figure confirment clairement que les annonces, qui suscitent la colère reçoivent plus de deux fois plus de visites que les annonces qui véhiculent un message neutre.

 

La colère est encouragée par la technologie

Une deuxième composante s’ajoute à la colère:  la technologie. Le logiciel de Facebook, appelé algorithme, sélectionne pour vous ce qui (selon Facebook) est pertinent pour vous. Un algorithme qui mesure l’interaction et qui l’interprète comme un signal important, court le risque de favoriser massivement l’émotion. En d’autres mots : la colère est au-delà encouragée par la machine!   L’émotion est récompensée par l’algorithme:  celui qui provoque des remous récolte des Likes et des commentaires.

 

Ce désir humain d’unilatéralisme

Ingrid Brodnig aborde également la manière inconsciente de traiter les informations: « Nous valorisons inconsciemment l’information de telle manière qu’elle corresponde à notre vision du monde.  Le fait d’évaluer une information comme plus précieuse lorsqu’elle s’insère dans notre vision du monde, rend malheureusement la tâche très aisée à tous les semeurs de troubles qui souhaitent répandre leurs mensonges sur l’internet : ils peuvent facilement inventer des histoires qui correspondent bien aux préjugés ou aux souhaits de nombreuses personnes – et la désinformation prend son cours en se propageant rapidement dans les réseaux. Dans le même temps, il est vrai que nous avons tous tendance à croire une information si elle s’intègre facilement dans notre conception des choses ».

 

L’on dit parfois que seules les personnes non éduquées ou non intelligentes tombent dans le piège de la désinformation.

Or, de nombreuses études réfutent cet argument. Tout au contraire, ce sont généralement les personnes qui s’intéressent de très près à un thème politique qui sont le plus exposées au risque de tomber dans les pièges des fake news.

 

Comment la désinformation forme notre pensée

« Les fausses informations produisent un effet considérable.  Tout d’abord, de nombreuses personnes ne découvriront jamais qu’elles sont tombées dans le piège d’une affirmation trompeuse. Ensuite, les fausses rumeurs ont tendance à persister tenacement, en particulier chez les personnes qui consomment un nombre important de fausses informations qui vont toutes plus ou moins dans la même direction. Plus ces mensonges circulent dans le propre monde numérique, plus ils sont familiers et plausibles – et donc plus ces personnes sont enclines à croire des informations mêmes fantasques et grotesques ».

« C’est ce que les psychologues désignent de Illusory truth effect (Wahrheitseffekt /effet de vérité illusoire): à force d’entendre toujours la même affirmation, de nombreuses personnes finissent par la croire; qu’elle soit vraie ou fausse: c’est la répétition qui l’a rendue plus crédible ».

 

Ce que vous pouvez faire

Les conseils d’Ingrid Brodnig pour démasquer la désinformation :

  • Vérifiez la source : la quantité est souvent utilisée pour cacher le manque de qualité d’une information. Ne lisez pas cette longue information jusqu’à la fin, mais recherchez le nom du site sur le web. Ou bien faites défiler le texte et vérifiez en bas de page s’il n’y a pas de mention comme quoi tout n’est que satire et inventé librement.
  • Vérifiez l’impressum (mentions obligatoires) : Les pages non sérieuses ont généralement un impressum bizarre et ne mentionnent pas l’exploitant du site.
  • Utilisez des pages de vérification des faits de bonne réputation telles queFaktenfinder“ de la Tagesschau  www.tagesschau.de/thema/faktenfinder/index.html ou encore mimikama.at  pour les médias germanophones. Pour les médias francophones, la journal Le Monde notamment propose son « Décodex » .

 

Lecture conseillée:Lügen im Netz.« Wie Fake News, Populisten und unkontrollierte Technik uns manipulieren“, paru aux éditions Brandstätter-Verlag.

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