Réagir de façon constructive aux propos des discussions de café

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Réagir de façon constructive aux propos des discussions de café

Réagir de façon constructive aux propos des discussions de café

Klima-Bündnis Lëtzebuerg CitoyenNEs 13 août 2019

Les discussions peuvent parfois s’avérer fastidieuses. Vous avez probablement déjà vécu une telle situation. La personne en face de vous ne lésine pas sur les préjugés, lance des propos agressifs et ne vous donne guère la chance de vous exprimer. Il n’est pas rare que la discussion tourne autour d’un sujet climatique. Cela n’est pas nécessairement amusant!

 

Le livre „Politik wagen – ein Argumentationstraining“ illustre les dits „Stammtischparolen“, c-à-d les propos et slogans – souvent gratuits et/ou populistes – lancés lors des discussions, entre habitués, menées au café, autour d’un verre.

« Il s’agit d‘un débat manichéen, usant un langage agressif, exacerbé, simpliste, suivant une classification vrai/faux et divisant le monde en noir/blanc. Les slogans et propos simplifient la vie, ils confèrent une structure à un monde qui est compliqué, ils procurent ce sentiment agréable d’être du bon côté et clarifient la question de la responsabilité. Bref: ils communiquent un sentiment de sécurité, d’assurance et de tranquillité d’esprit ».

Voici les conseils issus de ce livre:

Le premier pas à faire pour contrer les propos manichéens est le plus difficile: il faut avoir le courage de réagir! La peur d’exprimer sa propre opinion est largement répandue. De nombreuses personnes pensent qu’elles n’ont droit à la parole que si elles disposent d’un maximum de connaissances, de conscience du problème et de capacités d’analyse. Rares sont pourtant les personnes qui satisfont entièrement à ces exigences.  Mais que dire contre le fait de considérer les expressions d’opinions non pas comme des prises de position immuables, mais comme des déclarations d’intérêt, qui cherchent des réponses ainsi que la compréhension des autres ? Celui qui a proféré des propos manichéens n’a pas peur qu’un autre s’exprime, mais il peut avoir peur qu’un autre le contredise.

 

Ne donnez pas de leçons, mais invitez à la réflexion commune. Il est important d’adopter une attitude respectueuse et empathique. La personne en face de vous doit se sentir acceptée et comprise.  Les personnes qui se sentent mises sous pression, entrent dans un état de stress. Leur corps libère de l’adrénaline, leur rythme cardiaque augmente, leur transpiration est stimulée, leurs pupilles se dilatent et leurs bronches s’étendent. L’experte-formatrice en communication Petra Korte parle d’un programme « Grizzly »: en quelques fractions de secondes, ce programme est activé en guise de réaction de notre corps à une menace, comme si un grizzli apparaissait tout d’un coup devant nous dans la forêt.  Notre corps passe brusquement au mode évasion et défense. Une condition préalable essentielle à la survie. Nous réagissons de cette même façon – même dans des situations qui ne mettent pas notre vie en danger – dès lors que des intérêts importants à nos yeux, se trouvent violés. Les conséquences : notre perception des choses devient plus partiale, polarisante et générale, nos sentiments envers les autres deviennent unilatéralement négatifs, notre objectif de vouloir nous affirmer et de nous imposer domine seul tout le reste.

Lorsque l’autre personne (ou vous-même) se trouve dans ce mode, toutes les tentatives d’engager une conversation sereine et objective sont vaines. Dans un cas pareil, respectez la règle des cinq minutes. Cette règle nous dit d’accorder cinq minutes à l’autre personne pour qu’elle puisse exprimer sa frustration et, plus encore, elle nous dicte d’écouter attentivement l’autre pendant ces cinq minutes et d’essayer de comprendre sa frustration.

 

Passer de l’état de « comprendre » à l’état « d’être compris » 

La vie serait beaucoup plus facile si notre interlocuteur comprenait toujours ce que nous voulons exprimer. Souvent, cela n’est malheureusement pas le cas. Au contraire, l’incompréhension est la norme. Ce n’est qu’au moyen d’un feed-back fait de commentaires explicites que nous pouvons dire à l’autre ce que nous avons compris, ce qui est une condition préalable pour dissiper les malentendus.

Aussi, il est essentiel d’adopter une approche qui considère le respect de l’autre non comme une mise en scène, mais comme une véritable valorisation de sa personne. Le bon point de départ est enseigné par la méthode de négociation ouverte selon le dit concept de Harvard. Concrètement, les auteurs du concept préconisent une approche ferme sur la question et une approche douce envers les personnes. D’un côté, « approche douce envers les personnes » signifie : s’intéresser à la position, aux intérêts et aux arguments de l’autre, s’impliquer dans l’échange et vouloir réellement comprendre ce que l’autre veut dire. De l’autre côté, « approche ferme sur la question » signifie : exiger avec la même rigueur d’obtenir l’espace qui nous permettra de nous faire comprendre.  Cette approche est également connue sous le nom « d’écoute active ».

 

Les questions de clarification visent à mieux comprendre son interlocuteur: parfois il est impossible de répondre à ces questions par un simple « oui » ou par un « non ». Ici, lesdits « adoucisseurs » suggestifs peuvent s’avérer très utiles :

« Je suis curieux de savoir pourquoi tu le voies de cette façon ? »

« Je ne sais pas trop comment le comprendre quand tu dis : … Qu’est-ce que tu veux dire exactement par-là ? »

« Je me demande ce que tu trouves exactement de si grave à …? »

 

Introduisez de nouvelles perspectives.

Une façon d’argumenter contre les propos manichéens est de reprendre l’affirmation respective et d’examiner les conséquences que la critique exprimée engendrerait si elle était prise au sérieux.

 

Stop! – Quand prendre ses distances et comment y arriver.

Et pourtant, avec tout le respect et toute la compréhension du monde : il y a des affirmations que nous ne voulons non seulement contredire, mais auxquelles nous ne voulons aucunement laisser de place, et cela de manière explicite. Dans ce cas de figure, il serait inapproprié de poser notamment des questions de clarification. Avancez en trois étapes :

  1. Je répète, avec mes propres mots, ce que mon interlocuteur a dit, et lui donne ainsi l’occasion de clarifier.
  2. Je dis ouvertement à mon interlocuteur quels sentiments son affirmation déclenche en moi. Je le confronte avec ma propre position : « Cela me fâche que … »
  3. Je me distance de son affirmation et dis ce que je souhaite en revanche.

 

Lecture conseillée: Politik wagen – ein Argumentationstraining. Auteurs: Christian Boeser-Schnebel, Klaus-Peter Hufer, Karin Schnebl, Florian Wenzel.

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