Séminaire – Nette avancée des coopératives dans le domaine des énergies renouvelables
En politique énergétique, tout semble indiquer que les temps sont enfin mûrs pour sonner le glas des multinationales, en faveur des initiatives citoyennes. Néanmoins, pour y arriver, l’Etat – voire même l’UE – doit jeter les bases politiques adéquates. Voilà en résumé la conclusion tirée à l’occasion d’une récente conférence autour du sujet des « coopératives d’énergies », organisée par l’Alliance pour le climat-Luxembourg, en collaboration avec le Mouvement Ecologique et REScoop (Renewable Energy Sources coopératives).
Cette conférence a connu un franc succès, rassemblant non moins de 100 auditeurs intéressés, ce qui témoigne sans conteste qu’un vent nouveau souffle dans le secteur de l’énergie. Combien de fois avons- nous pu (re)lire dans les journaux les propos de l’ancien président du comité de direction RWE Jürgen Grossmann, prétendant que « l’extension de l’énergie solaire fait autant de sens que de planter des ananas au pôle Nord ». Fait est que RWE (Rheinisch-Westfälische Elektrizitätswerke) – l’une des 4 grandes entreprises leader dans le domaine de l’énergie en Allemagne – fut récemment contrainte d’annoncer le licenciement de non moins de 8.000 salariés.
Le député européen Claude Turmes reprend l’image véhiculé par Grossmann, en avançant « que c’est précisément là que réside le problème de RWE aujourd’hui, alors qu’environ 25.000 mégawatts « d’ananas » sont effectivement plantés. Le revirement auquel nous avons assisté tout au long des dernières années est très parlant, et ce sont surtout les personnes privées qui ont massivement investi dans les énergies renouvelables en Allemagne, la part des coopératives d’énergie privées atteignant entretemps au moins 6% ». Claude Turmes parle d’un réel changement de tendance dans le secteur de la production électrique, qui se transforme d’un marché dominé par un cercle très restreint de multinationales en un marché décentralisé et démocratisé. Cette nouvelle tendance est portée par des investissements privés et des apports communaux, et elle est appuyée par le nouvel accord de coalition qui prévoit le futur renforcement des aides financières au bénéfice des coopératives d’énergie.
EWS-Allemagne (Elektrizitätswerke Schönau) de son côté peut se prévaloir d’une longue expérience en matière de coopération énergétique, une expérience qui remonte à l’époque où s’est produite la catastrophe nucléaire de Tschernobyl. Un référendum et le rassemblement des fonds nécessaires ont alors permis à la coopérative de Schönau de prendre en main le réseau électrique local. Tanja Gaudian des „Elektrizitätswerke Schönau“ se montre satisfaite en disant que « malgré les mauvais présages, l’obscurité ne s’est pas installée à Schönau. En 2012, la production allemande en énergies renouvelables se situait déjà à 22%. Nous comptons déjà non moins de 700 coopératives d’énergie qui rassemblent plus de 136.000 membres ayant investi 1,2 milliards d’euros. Ces investisseurs privés ne sont pas guidés par un but de lucre puisque les coopératives versent des dividendes qui se situent uniquement entre 3 et 5%. Ce sont des hommes et des femmes aux revenus souvent modestes mais qui souhaitent faire avancer activement la transition énergétique ».
La contribution de David Hiez de l’Université du Luxembourg a mis en vigueur le droit luxembourgeois sur la coopération. Hiez s’est focussé sur des aspects intéressants dont il échait de retenir surtout qu’il est de première importance pour toute coopérative de se doter de statuts très élaborés afin d’éviter les mauvaises surprises.
Par leurs exposés respectifs, les deux représentants du Ministère de l’Economie Gilbert Theato (myenergy) et Pascal Fabing (Luxinnovation) ont expliqué en détail les opportunités et instruments d’aides et de subventions qui existent en matière d’énergies renouvelables. Pour ce qui est de l’énergie électrique, l’Etat luxembourgeois conçoit pendant la durée de 15 ans une rétribution sur l’électricité produite à partir de sources énergétiques renouvelables, mais dont le taux varie selon la technologie appliquée (énergies photovoltaïque, éolienne, hydraulique, installations de biogaz ou de gaz d’épuration). Pour certains types d’installations productrices d’énergie d’origine renouvelable, des aides directes à l’investissement sont octroyées (en moyenne jusqu’à 20%!) dont le taux est calculé par rapport aux installations conventionnelles ayant recours aux énergies fossiles.
Cette soirée très informative fut clôturée par la présentation d’exemples luxembourgeois, tel “EnerCoop” créée par Transition Minett (www.transition-minett.lu), une coopérative d’énergie qui verra officiellement le jour en février 2014, ou encore „Equienercoop” (www.equienercoop.lu) établie à Junglinster et qui a déjà équipé plusieurs toits d’écoles avec des installations photovoltaïques.
51386244397Goebel_EquiEnercoop.pdf
51386244379Theato_MyEnergy.pdf
