Luxembourg, le 26 juillet 2021
La crise climatique est arrivée au Luxembourg … continuer comme avant n’est plus une option!
Il y a une bonne semaine, de nombreux concitoyen/nes ont vécu une nuit horrible : caves et maisons inondées, champs et équipements détruits, routes, commerces et lignes ferroviaires sévèrement endommagés.
Des conditions météorologiques extrêmes avaient provoqué des précipitations exceptionnellement élevées. Dans de nombreuses communes de notre pays, la dépression « Bernd » a laissé derrière elle un sillon de dévastations importantes. Mais, malgré des dégâts matériels énormes, nous n’avons heureusement pas de morts à déplorer au Luxembourg, contrairement aux régions voisines de l’Eifel et province de Liège.
A peine les premières mesures de secours étaient-elles lancées qu’une véritable bataille s’est engagée dans les médias et les réseaux sociaux sur l’interprétation de cette catastrophe. Surtout la question de savoir si cet événement météorologique extrême était dû au changement climatique a été et est toujours âprement débattu.
Et pourtant, des climatologues de renom nous ont depuis longtemps fourni la réponse dans de nombreuses études ponctuelles ainsi que dans les rapports du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). En résumé, on peut dire ce qui suit : des conditions météorologiques extrêmes entraînant, par exemple, de grandes quantités de précipitations se sont toujours produites et continueront à se produire. Toujours est-il que le changement climatique progressif renforce considérablement tant leur fréquence que leur ampleur. Ce que l’on a dénommé le « phénomène du siècle » s’est donc transformé en catastrophe récurrente, avec des intervalles de plus en plus courts.
Les effets qu’une situation météorologique produit sur le terrain dépendent évidemment de nombreux autres facteurs : topographie, imperméabilisation des sols, état des infrastructures et mesures de protection contre les inondations, plans de secours, etc.
Au-delà de l’aide d’urgence à apporter à toutes les personnes touchées (qui constitue une priorité absolue!), le Luxembourg n’échappera pas non plus au devoir de se concentrer davantage sur l’adaptation à la crise climatique, tant au niveau national que communal. Cela n’est évidemment pas une tâche facile, car les effets du changement climatique peuvent se présenter de manière très différente : inondations, périodes de sécheresses, vagues de chaleur, pertes en agriculture et en sylviculture … ne sont que quelques phénomènes qui peuvent se produire.
Aux yeux du Klima-Bündnis Lëtzebuerg, il serait néanmoins très naïf, voire irresponsable, d’accepter – pour ainsi dire – le changement climatique, et d’investir uniquement dans des mesures d’adaptation. Car si le changement climatique poursuit son évolution effrénée, aucune digue (si haute qu’elle soit) et aucun système de climatisation (si fort qu’il soit), ne saura nous offrir le niveau de protection qui s’imposera!
L’humanité se dirige actuellement vers un réchauffement planétaire qui dépasse largement ce que l’homme et l’environnement peuvent supporter, quel que soit le niveau de prospérité et de technicité de notre société. Il convient de souligner que le progrès technologique ne peut constituer, à lui seul, la réponse adéquate à la crise du climat et de la biodiversité !
C’est pourquoi la priorité absolue de tous les responsables politiques et économiques (tant au Luxembourg qu’ailleurs) doit être de réduire rapidement et radicalement (à zéro au plus tard en 2050!) les émissions de gaz à effet de serre nocifs pour le climat … ce qui signifie en d’autres termes, de rendre durables tant nos habitudes de consommation que notre modèle économique!
Pendant trop longtemps, nos engagements en matière de protection du climat, par exemple dans le cadre du protocole de Kyoto, ont reposé essentiellement sur le système européen d’échange de quotas d’émission. À l’échelle nationale, en revanche, seules des mesures insignifiantes – de nature plutôt symbolique – ont été mises en œuvre, que ce soit en matière de mobilité, de consommation des ressources ou de production alimentaire. Ou bien, d’autres régions et États ont été pointés du doigt, avec l’invitation de « s’il vous plaît montrer le bon exemple ». Et la situation n’a guère changé après l’accord de Paris de 2015: toujours des objectifs d‘envergure, sans chemin concret. Il n’est donc pas surprenant que le Luxembourg accuse toujours un taux d‘émission de CO2 par habitant qui est parmi les plus élevés au monde, même si l’on exclut le tourisme à la pompe!
Ces derniers jours ont clairement montré qu’il ne suffit pas de faire des petits gestes qui n’engagent à rien – chacun d’entre nous doit être prêt à examiner d’un œil critique son comportement personnel et professionnel. Mais il est du devoir de la politique d’offrir également aux ménages et aux entreprises les conditions cadres indispensables, et sans lesquelles une transition vers une société climatiquement neutre ne sera pas possible. Nous ne devons plus tolérer d‘insouciant business as usual après le 15 juillet 2021, que ce soit dans le secteur financier, dans l’agriculture, dans la planification de la mobilité ou dans la politique du logement. L’avenir de chacun d’entre nous, et plus encore celui des générations futures, en dépend – il est temps d’agir, maintenant!