Le 15 novembre dernier, Action Solidarité Tiers Monde, Bridderlerch Deelen, Caritas et Klima-Bündnis Lëtzebuerg avaient lancé un appel pour marquer de manière symbolique la ratification de la Convention 169 de l'Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux dite « ILO 169 ». En présence de représentants de deux peuples indigènes ainsi que de membres de la presse, ces organisations ont remis entre les mains du ministre du Travail Nicolas Schmit non moins de 2.500 empreintes de pouce de citoyens du Luxembourg. Ces empreintes provenaient de visiteurs de l’Oekofoire 2015, qui – dès le lancement dans ce cadre de l’action dénommée « Den Indigenen hir Rechter stäerken fir eist Klima ze schützen » – s’étaient montrés en faveur de la ratification de la Convention ILO 169.
Dans le monde entier, plus de 350 millions de personnes vivant dans des pays en voie de développement et dans des pays nouvellement industrialisés sont concernés par cette Convention 169 de l'Organisation internationale du travail. Au cours d’une conférence de presse, Dietmar Mirkes, collaborateur auprès de l’ASTM/Klima-Bündnis Lëtzebuerg, expliquait les raisons qui devraient motiver un petit pays comme le Luxembourg à enfin ratifier la Convention ILO 169: « Chaque pays qui le fait, indépendamment de la présence ou non de peuples indigènes, renforce ainsi cet instrument juridique. Si le Luxembourg ratifie la Convention, cela constitue un pas en plus dans ce long processus international en vue de renforcer la Convention, l’Organisation internationale du travail et les droits des peuples indigènes. » A ce jour, 22 pays ont ratifié la Convention ILO 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux. En font partie les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et l’Espagne.
En 2012, les communes luxembourgeoises qui sont membres du Klima-Bündnis avaient donné le signal de départ! En cette année déjà, à l’occasion de son assemblée générale, le Klima-Bündnis Lëtzebuerg, dont les communes membres renferment les deux tiers des habitants du Luxembourg, avait voté la résolution suivante: « L’assemblée générale des membres, réunie à Kehlen en date du 14 mai 2012, invite le gouvernement et la Chambre des députés à ratifier en 2012 la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux, afin de témoigner de leur responsabilité envers les peuples indigènes du monde et de leur défense et respect universels des droits de l’homme. »
Le 12 juin 2012, la Chambre des députés s’est prononcée à l’unanimité en faveur de l’adoption de la motion de Camille Gira, basée sur cette résolution et invitant le Luxembourg à ratifier la Convention ILO 169. Deux années remplies d’un travail de conviction interne dans l’administration et d’entretiens avec les ministères en charge des affaires étrangères et de l’environnement suivirent. Une question parlementaire du député Marc Angel posée en avril 2014 suscitait comme réponse unanime des trois ministres Asselborn, Schmit et Dieschbourg qu’aucun important obstacle à la ratification ne subsistait désormais.
Derniers déclics en 2015: le sommet des Nations unies à New York sur les dits « Sustainable Development Goals » (objectifs de développement durable) et la COP21 à Paris (conférence de Paris sur le climat)! L’importance du rôle des peuples indigènes dans la protection du climat, des forêts et de la biodiversité est explicitement mise en vigueur. Et Dietmar Mirkes de souligner : « Dorénavant les Etats sont censés prendre en compte les droits des peuples indigènes et respecter le savoir traditionnel et indigène lorsque des actions sont menées dans le cadre du changement climatique. »
