Paris: COP21 – 2 opinions se dégagent

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Paris: COP21 – 2 opinions se dégagent

Paris: COP21 – 2 opinions se dégagent

Klima-Bündnis Lëtzebuerg Klima-Bündnis Lëtzebuerg 2012 15 décembre 2015

Le rôle des villes et des communes dans le cadre de la protection du climat est reconnu pour la première fois! 

Ce fut vraiment un moment que l’on peut qualifier d’historique lorsque le samedi 12 décembre dernier, 196 états sont parvenus à conclure le premier véritable accord global en matière de protection du climat de l’Histoire à Paris.  

La décision d’un côté de vouloir limiter le réchauffement planétaire résolument à moins de 2 degrés, et la garantie, de l’autre côté, de fixer les aides en matière de climat destinées aux pays en voie de développement à 100 milliards par an au minimum au-delà de l’année 2020, suffisent en fait déjà pour démontrer la pertinence du terme choisi. Bien sûr il faut maintenant passer des paroles aux actes, mais le signal envoyé par la COP21 à Paris est de nature à encourager tous les écologistes!

Au-delà, Paris est un jalon de la reconnaissance du rôle joué à échelle mondiale par les communes et les régions dans le cadre de la protection du climat. Les engagements volontaires de tous les acteurs non-gouvernementaux – surtout des villes et des communes – sont recueillis dans le dit « Plan d’Action Lima-Paris » et témoignent clairement de la volonté de la base de faire de la protection du climat une priorité politique absolue.

Peu avant la clôture des négociations, la COP21 a fait annoncer que le « Lima-Paris-Action-Agenda » ferait partie intégrante de la politique internationale au niveau de la protection du climat. L’Alliance pour le climat y voit un signal important qui l’a fait avancer dans ses efforts de donner un visage et une voix aux communes pour ce qui est de la politique du climat. Il est prévu e.a. qu’à l’avenir, 2 ambassadeurs représenteront les intérêts des acteurs non-gouvernementaux lors de négociations internationales. Nous nous réjouissons d’ores et déjà de pouvoir bientôt entamer les discussions avec lesdits ambassadeurs.

Paul Polfer- Mouvement Ecologique

 

COP21 : accord … oui, action concrète … oui et non!

Nous sommes tous satisfaits du fait qu’un accord a pu être trouvé à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique à Paris. Après tout, l’issue de la COP21 n’était pas prometteuse dès le départ. L’accord représente un jalon historique dans le processus de la transition énergétique globale. Malheureusement, la transposition de l’accord est assujettie aux rapports de forces économiques actuels. L’accord ne prévoit pas de mécanismes juridiques permettant de sanctionner une transposition lacunaire et insuffisante. Alors qu’est-ce qui se passera si dans 5 ans, nous n’aurons pas avancé d’un seul pas?  

 

Les conditions-cadre sont données

La principale revendication, issue de la plupart des états et de la société civile globale, qui consiste à ramener l’objectif de réduction de 2°C à 1,5°C,  n’a pas été satisfaite, néanmoins l’objectif « 1,5°C » fut retenu et ancré comme étant « l’objectif qu’il faut s’efforcer à atteindre ». Aussi, suite à la pression exercée par les états les plus pauvres et les plus marqués par le changement climatique d’un côté, et de la société civile globale de l’autre côté, un chapitre fut annexé sur les dégâts et pertes subis (« Loss and damage »).  


L’accord formule les conditions-cadre qui permettent de protéger plus efficacement les espaces et conditions de vie de tous les Hommes et surtout des populations pauvres des pays en voie de développement contre les conséquences induites par le changement climatique. Des acteurs régionaux et locaux des états, des organisations de la société civile et des populations indigènes y sont nommés et reconnus comme étant des acteurs importants de la protection du climat. De nombreux termes-clé qui caractérisent la société civile globale (comme p.ex. „Human rights“, „Mother Earth“, „Climate Justice“ ou „sustainable lifestyles“) y figurent.

Absence de données quantitatives

Toujours est-il que l’accord en soi ne contient pas de dispositions quantitatives, hormis les 2° C et 1,5° C. Il est basé sur le principe: « Chacun fait ce qu’il peut et veut et plus tard on verra bien ce qu’il en sortira comme somme », explique Dietmar Mirkes de l’ASTM. Et il rajoute: « Et cela sans déduire une méthode ciblée et contraignante de la quantité restante de carbone que notre atmosphère est encore à même d’absorber ».

La diversification du groupe énorme des pays en voie de développement en différents groupes de pays à niveaux de développement différents ainsi que l’annulation de la répartition Kyoto selon pays industrialisés et pays en voie de développement, conduit à un effacement et une sous-évaluation, voire une minimisation des émissions historiques et donc de la principale responsabilité des pays industrialisés dans le changement climatique. Dietmar Mirkes soulève pertinemment: "De quel droit pouvons-nous attendre des « sauts de grenouille » de la part des pays en voie de développement, par-dessus les énergies fossiles tout droit vers les énergies renouvelables, alors que nous demandons pour nous autres pays industrialisés – au bout de 150 ans d’industrialisation sur la base des énergies fossiles – des périodes de transition « réalistes ». Dans un monde avec un réchauffement climatique en-dessous de 1,5°C, il n’y aurait plus de place dans l’atmosphère après 2025 pour un « développement » des pays pauvres de ce monde à l’aide des combustibles fossiles.

Pression renforcée sur des régions au Sud

La formulation qui prétend trouver un équilibre entre l’émission de gaz à effet de serre et leur absorption par le biais surtout de la réduction des taux dans les pays en voie de développement au cours de la deuxième moitié du siècle, engendre une demande massive en plantations à croissance rapide ainsi qu’en bio-engineering sous toutes ses formes. Elle légitime le recours prolongé aux énergies fossiles et assimile les importations de carbone des temps bien révolus, qu’il est impossible de renvoyer à leur point de départ, au carbone qui n’est stocké que temporairement dans notre flore actuelle. Cette assimilation légitime la continuation du recours au pétrole, au charbon et au gaz. Le commerce d’émissions global visé va intensifier la pression sur les surfaces du Sud comme réservoirs de carbone; les petits cultivateurs et les indigènes en payeront les frais.

Conclusion

L’accord, qui fut conclu grâce à de multiples efforts et consensus, offrira aux acteurs de nombreuses possibilités d’agir à juste titre tant au niveau local qu’au milieu de la société civile. Et il confère un nouvel élan au mouvement global qui se met au service de la protection du climat et de la justice climatique. Le fait que l’accord ne comporte ni des instruments déduits de l’objectif 2° resp. 1,5° C, ni des sanctions juridiquement contraignantes, ni d’ailleurs une pondération de la responsabilité historique, représente une sérieuse lacune.

Dietmar Mirkes – ASTM

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